L’entrepreneuse du mois: Stéphanie Roland, fondatrice de la plateforme Saana
Chaque mois, Women in Business part à la rencontre d’une entrepreneuse inspirante, qui a eu l’audace de lancer son business. Ce mois-ci, Stéphanie Roland, nous raconte comment elle a allié toutes ses passions pour fonder Saana.
C’est dans les bureaux stimulants de BeCentral (espace de formation bruxellois) que nous rencontrons Stéphanie, sourire aux lèvres et ventre arrondi: elle donnera naissance à un bébé dans une semaine et demi. (NLDR l'interview a eu lieu en automne). Son second bébé! Le premier né étant Saana, la plateforme qu’elle vient tout juste de lancer. “C’est une plateforme de nutrition personnalisée pour les patients atteints de cancer et en rémission.” Concrètement, les patients répondent à un petit questionnaire en ligne et reçoivent sur leur Espace santé des recommandations hebdomadaires en matière d’alimentation, des listes de courses et de recettes. Stéphanie en est convaincue: la nutrition joue un rôle fondamental dans l’évolution du cancer.
Un réel impact sur la qualité de vie des patients
Pourtant, à la base, notre entrepreneuse du mois n’a pas de formation en nutrition. Elle est ingénieure en chimie! C’est son parcours personnel — sa maman est décédée d’un cancer quand elle avait 15 ans — qui l’a amenée à se passionner pour cette matière. “Quand je suis partie à New York pour suivre mon mari, muté là-bas, j’ai commencé à me documenter sur le lien entre cancer et nutrition. J’ai acheté des tonnes de bouquins et j’ai suivi des formations en ligne.” Rentrée en Belgique, elle se lance et crée Saana, boostée par toute cette littérature scientifique, mais aussi par des tests qu’elle a elle-même menés lors de son séjour aux États-Unis: “On a livré des plats préparés à domicile à des patients atteints de cancer et on a observé l’avant-après. Le taux de cholestérol a diminué entre 13 à 20 % en trois semaines et certains symptômes ont complètement disparu” explique Stéphanie. Elle souligne aussi le rôle de la plateforme dans le phénomène de dénutrition: “Le phénomène de dénutrition (déficiences nutritionnelles) amène des dépressions, des complications médicales, une diminution de l’efficacité et de la tolérance des traitements, et réduit au final de 2 à 5 fois les chances de s’en sortir pour les malades du cancer.”

Éloge de l’imperfection
Stéphanie n’en est pas à son coup d’essai: elle a déjà créé deux start-up en sortant de ses études. “À la base, je n’avais jamais pensé à créer mon propre business. Mais lors de mon master en Chimie, j’ai suivi en parallèle la formation interdisciplinaire en création d’entreprise à l’UCL. J’ai rencontré beaucoup d’entrepreneurs, créé un business plan… Ça a éveillé ma passion pour l’entrepreneuriat!” Avec Saana, Stéphanie combine sa formation scientifique, sa passion pour la nutrition et la santé et son envie d’entreprendre. Trio gagnant, mais pas forcément de tout repos: “Entreprendre, c’est être autodidacte: j’ai dû apprendre à créer des publicités Facebook, écrire un communiqué de presse, gérer une équipe… Au final, tu jongles avec plusieurs skills que tu ne maîtrises pas à 100 %, tu improvises et ce manque de contrôle est un aspect de l’entrepreneuriat difficile à gérer” confie-t-elle. Les solutions pour surmonter cette incertitude? Premièrement, accepter l’imperfection! “Il faut apprendre à être tolérant et bienveillant avec soi-même quand on monte son business. Un jour, j’ai entendu cette phrase que je trouve assez juste: ‘Si tu n’es pas honteux de ton produit quand tu le lances, c’est que tu le lances trop tard’. N’attendez pas que votre produit soit parfait pour vous lancer, ne laissez pas des détails faire obstacle à votre ambition.”
De l’aide? Il suffit de demander!
Deuxième solution? S’entourer! “Je trouve ça important d’avoir des personnes sur qui compter pour nous donner du feedback, qu’il soit positif ou négatif” conseille la fondatrice de Saana. “À l’époque, j’avais intégré le Réseau Entreprendre et j’avais reçu l’aide d’un mentor, qui me conseillait et me disait si je prenais la bonne direction. Avec Saana, j’ai des investisseurs. Ça change la donne, car je dois leur rendre des compte, analyser les processus, faire des rapports. Ça permet de se sentir moins seul et d’avancer!” Ça tombe bien: s’entourer et se faire accompagner, c’est facile en Belgique. “Après mon séjour à New York, j’ai remarqué à quel point il existait des aides pour les entrepreneurs, ici, confie Stéphanie. Par exemple, j’ai décroché la bourse ‘Proof of business’ du 1819, une bourse sans capital, qui m’a permis de convaincre d’autres investisseurs. J’ai aussi reçu un coaching entièrement gratuit avec des experts. Aux États-Unis, cette facilité pour décrocher des subsides n’existe pas. Par contre, contrairement à ici, tu peux monter une boîte avec 100 dollars! Il y a plein d’investisseurs et surtout, le parcours administratif est bien moins périlleux qu’en Belgique. Il ne faut même pas aller voir un notaire pour se lancer, par exemple. Il y a moins de barrières financières.” Des barrières financières que Stéphanie a néanmoins escaladées avec brio: “N’attendez pas pour vous lancer. Plus on avance dans la vie, plus on a des responsabilités (emprunts, enfants…)” conseille-t-elle encore aux entrepreneuses en herbe, avant de conclure notre entretien par ces mots encourageants: “Pour le moment, toutes les étoiles s’alignent pour mon projet”. C’est tout ce qu’on souhaite à Saana.
Plus d’infos sur https://saana.co/
